1. Généralités
La processionnaire du chêne est une chenille largement répandue en Europe et, d’après sa distribution actuelle, le climat wallon lui conviendrait parfaitement. La Wallonie était toutefois relativement épargnée jusqu’à présent. Malheureusement, l’année 2018 met un point final à cette période de quiétude. Des nids ont été observés sur plusieurs zones en Wallonie (Rochefort, Resteigne, Arlon, Virton, Dalhem et Plombières) .
Cycle biologique
La processionnaire du chêne se développe à raison d’une génération par an. Le papillon pond ses œufs entre mi-juillet et août. De septembre à février ou mars, l’insecte hiverne sous forme d’œufs localisés dans la partie supérieure du houppiersur les fines branches des arbres bien dégagés. Les pontes sont orientées sud. Le nombre d’œufs par ponte peut varier de 30 à 300 œufs. Les plaques de ponte mesurent quelques centimètres de long.
Les œufs éclosent aux alentours d’avril. Les chenilles apparaissent avant le débourrement des chênes. Elles peuvent rester en quiescence sans s’alimenter jusqu’à l’apparition des feuilles. Elles doivent ensuite s’alimenter en continu. L’ensemble des larves émergent de manière synchronisée et les chenilles vivent en colonies. Une colonie est généralement issue d’une même ponte. Les chenilles ont une activité essentiellement nocturne. Six stades larvaires vont se succéder durant 2 à 3 mois. A partir du troisième stade, elles sont capables de libérer des centaines de milliers de poils très urticants (0,2-0,3 mm) contenus dans de petites poches dorsales sur l’abdomen. Les chenilles se déplacent en processions entre les nids et les branches où elles se nourrissent. Un fil de soie court le long du chemin de procession. L’activité de nutrition est crépusculaire ou nocturne. Au repos, les chenilles séjournent dans des nids de soie localisés sur le tronc ou sous les branches charpentières. Elles s’alimentent des feuilles du chêne, ou des chênes voisins, jusque fin juillet. Les chenilles tissent un nid plus résistant à la fin du cinquième stade. Le nid est composé de fils de soie ainsi que de déjections et d’exuvies. Dans les cas de pullulations importantes, les nids peuvent dépasser le mètre de longueur. La nymphose se produit en juillet dans ces nids. Les papillons sont observables 30 à 40 jours après le début de la nymphose (juillet-août). Ces papillons nocturnes ont une durée de vie très courte de l’ordre d’un ou deux jours durant lesquelles les pontes vont se produire.
Identification
La chenille possède un corps caractéristique. La tête est brune ou noire. Le corps possède des flancs blancs avec de longs poils argentés. Chaque segment du corps possède sur sa face dorsale une plaque brunâtre. La chenille peut atteindre une taille de 5 cm en fin de développement.
2. Symptômes et conséquences
Le symptôme le plus visible reste la présence de nids soyeux sur l’écorce. Ils peuvent être situés depuis la base du tronc jusque dans le houppier. Leur couleur peut varier du blanc en début de saison à une couleur jaunâtre voir brune après le départ des insectes. Les nids sont le plus souvent localisés sous des branches charpentières ou d’un diamètre relativement important. Les chenilles se déplacent en procession entre leur nid et le houppier. Les chenilles se nourrissent entre avril et juillet. Elles engendrent des défoliations parfois importantes. La pousse de la saint Jean peut également être impactée vu la longue période de nutrition des chenilles. Toutefois, dans les premières années d’apparition de l’insecte, les défoliations du houppier peuvent passer inaperçues. Les chenilles peuvent également consommer les inflorescences en cas de débourrement tardif ou de feuillage insuffisamment développé. Les gradations de processionnaires s’étalent sur une période de 3 à 5 ans. La progression des populations sur les premières années est constante. A la fin du cycle, les populations s’effondrent rapidement suite à l’action de prédateurs naturels. Les populations redescendent ensuite à un niveau endémique. Les dommages deviennent souvent très faibles à ce stade et les chenilles sont rarement observées jusqu’à la gradation suivante. L’action des chenilles processionnaires ne diffère pas de celle des autres défoliateurs. Elle conduit à la réduction du feuillage et donc à une diminution de la capacité photosynthétique de l’arbre touché. En phase de pullulation, la défoliation peut être totale. L’impact sur les arbres peut être variable. Les défoliations, même si elles sont totales, n’engendrent pas la mort des arbres. En association avec l’oïdium, l’impact de la processionnaire est encore accru. Les individus situés sur de bonnes stations et rencontrant des conditions climatiques favorables ne subiront pas grands dommages. Le principal effet sera une réduction de la croissance durant l’année concernée. Les conséquences pour les arbres affaiblis peuvent être beaucoup plus importantes. Dans tous les cas, la répétition des défoliations constitue un facteur prédisposant l’arbre concerné à des attaques de ravageurs ou de pathogènes secondaires. L’enchaînement de ces différents événements peut conduire au dépérissement de l’arbre attaqué voir du peuplement si la chenille se répand. Le principal risque reste lié à la santé animale et humaine.
3. Les risques pour la santé animale et humaine
En cas de problème grave, nous vous recommandons de faire appel aux services d’urgences (112) ou au centre antipoison (070/245.245). Ce dernier nous fournit les informations suivantes quant aux risques pour la santé humaine. Les poils urticants ne sont pas les grands poils visibles sur la chenille mais bien ceux, microscopiques, que les chenilles âgées (3ème stade ou plus) expulsent de poches abdominales lorsqu’elles sont menacées. Les poils de la chenille processionnaire provoquent une réaction urticante ou de l’urticaire, une éruption cutanée douloureuse avec de fortes démangeaisons. Une intervention médicale est souvent nécessaire.
Les conséquences
• Contact avec la peau : apparition dans les huit heures d’une éruption douloureuse avec de sévères démangeaisons. La réaction se fait sur les parties découvertes de la peau mais aussi sur d’autres parties du corps. Les poils urticants se dispersent aisément par la sueur, le grattage et le frottement ou par l’intermédiaire des vêtements.
• Contact avec les yeux : développement après 1 à 4 heures d’une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants). Quand un poil urticant s’enfonce profondément dans les tissus oculaires, apparaissent des réactions inflammatoires sévères avec, dans de rares cas, évolution vers la cécité.
• Contact par inhalation : les poils urticants irritent les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires dues à un bronchospasme (rétrécissement des bronches comme dans l’asthme).
• Contact par ingestion : il se produit une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui s’accompagne de symptômes tels que de l’hypersalivation, des vomissements et des douleurs abdominales.
Une personne qui a des contacts répétés avec la chenille processionnaire présente des réactions qui s’aggravent à chaque nouveau contact. Dans les cas sévères, il peut y avoir un choc anaphylactique mettant la vie en danger (urticaire, transpiration, œdème dans la bouche et la gorge, difficultés respiratoires, hypotension et perte de connaissance). Les animaux de compagnie et le bétail sont également vulnérables par contact, voire ingestion.
Prévention
Les personnes précédemment atteintes par la chenille processionnaire doivent éviter tout nouveau contact, des réactions de plus en plus sévères sont à craindre. Ceci est particulièrement important pour les personnes qui, de par leur profession, fréquentent régulièrement des lieux infestés. L’éviction peut se faire par le port de vêtements de protection : gants et bottes de caoutchouc, combinaison de protection étanche, masque et lunettes anti-poussières. Les poils urticants sont facilement dispersés par le vent. Dans les régions où sévissent les chenilles, certaines précautions sont recommandées :
• Ne pas sécher le linge dehors de mai à septembre.
• Laver soigneusement les légumes du jardin.
• Arroser la pelouse pendant quelques jours avant de la tondre pour que les poils urticants soient entraînés dans le sol.
• Ne pas laisser jouer les enfants à proximité d’un arbre atteint. A distance, les munir de vêtements à longues manches, de pantalons, d’un couvre-chef et éventuellement de lunettes.
Contacts :
Service public de Wallonie (SPW)
Direction générale de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement » (DGARNE)
Département de l’Etude du milieu naturel et agricole (DEMNA)
Direction du Milieu Forestier (DMF)
23, avenue Maréchal Juin
5030 Gembloux
Tél. : +32 (0)81 626 420 Fax : +32 (0)81 335 811
owsf.dgarne@spw.wallonie.be
http://environnement.wallonie.be/sante-foret/