Petite histoire de nos villages … l’histoire de … CELLES
Voici ce qu’on en disait aux environs de 1940 …
A 10 kilomètres de Dinant. Altitude: 187 mètres. Sol argileux et calcaire. Superficie: 2.074 hectares dont 730 de bois. Hameaux: Gendron, Vêves, Lavis, Soinne, Grande-Trussogne, Petite-Trussogne, Bry, Mahenne, Hubermont, Noisy, Hubaille. Situé sur la grand’route de Dinant à Neufchâteau, Celles est arrosé par la Lesse et le ruisseau de Celles son affluent, qui prend sa source sur le territoire de la commune. Il est desservi par la ligne de chemin de fer Dinant-Bertrix (gare de Gendron-Celles).
Commune exclusivement agricole. On cultivait principalement le froment, l’avoine et l’épeautre. Elle possèdait six grandes fermes de 65 à 100 hectares, savoir: Mahenne, Bry, Hubermont, Petite-Trussogne, Soinne et Hubaille; dix petites fermes d’environ 30 hectares et 79 exploitations de moins de 30 hectares.
Ecoles communales pour garçons et école adoptée pour filles, celle-ci dirigée par les religieuses de la Charité de Saint-Vincent de Paul, à Celles, ainsi qu’une école gardienne.Ecole communale mixte à Gendron.
Patron de la paroisse et de la commune: Saint Hadelin. Fête communale: le dimanche qui suit la Nativité de la Sainte Vierge (8 septembre). Patron de la paroisse de Gendron: Saint Clément. Le dimanche qui suit la fête de N.D. du Mont-Carmel, il y a à Gendron une kermesse aux cerises. C’est le véritable jour de fête. Il y a une deuxième kermesse le dernier dimanche de septembre.
Celles (en wallon: Céle ou Saile). Cellae, Cellis, XIIième siècle; Chelles, 1316; Celles, 1355; Ceellez, 1357; Ceylles, 1362; Ceelles, 1369; Cellez, 1373; Celles à partir du Xvième siècle.
Celles, et non Celle, vient du latin cella, cellule, et doit son origine suivant la tradition à Saint Hadelin (617-690), originaire de la Guyenne (Aquitaine) qui, après avoir vévu à la cour du Roi d’Austrasie, Sigebert, décida de vivre loin du monde comme son maître et ami Saint Remacle, fondateur de l’abbaye de Stavelot. Saint Hadelin se retira au milieu des forêts dans une grotte où vinrent se joindre à lui plusieurs personnages attirés par son renom de sainteté. Les cellules que firent construire les compagnons du Saint pour y vivre, ont donné leur nom au village.
Eglise de style roman primaire; parfaitement conservée, elle serait antérieure au XIIième siècle; la crypte, située sous le chœur, daterait du IXième siècle. Elle est en forme de croix latine à trois nefs et deux rangs de piliers. Dans le clocher (partie supérieure), on peut voir une très vieille inscription romaine qui daterait du temps de l’empereur Probus (279) et dont voici le texte: Ex Voto Neutto Tagausi. V. S. IM.
Ce remarquable monument mérite une visite. Le plafond en bardeaux est curieux. Remarquables les stalles, les fonts baptismaux et le bénitier qui seraient du XIIième siècle. Dans le chœur, lutrin fixe, en pierre de l’époque ogivale, surmonté d’une dinanderie du XVIIième siècle. Les quatre tableaux (grisailles) représentent les quatre Evangélistes. Vitraux de 1600. Statues en bois sculpté des Saints Hadelin, Eloi, Alexandre et des Saintes Anne, Begge et Catherine. (XIVième et XVième siècles). Intéressantes pierres tombales, notamment celle en marbre noir de Rasse de Celles (+ 1356) et de son épouse, née de Severy (+ 1357); les autres datent pour la plupart du XVIième siècle.
Chapelle dite de l’Ermitage, construite sur l’emplacement de la sépulture de Saint Hadelin et près de la grotte où il se retira. Jusqu’en 1789, les ermites attachés au service de l’église de Celles habitaient l’Ermitage dont l’origine remonte au XIVième siècle. Le tout a été restauré en 1850 par la Comtesse Hadelin de Liedekerke, née Baronne Isabelle de Doppf. A côté de cette jolie chapelle romane se trouvent un asile pour vieillards et l’école libre adoptée, dirigée par les Filles de la Charité. Sous le chœur de la chapelle se trouve une petite crypte dans laquelle un sarcophage, contenant des reliques du Saint, marque l’endroit où Saint Hadelin a vécu et où il a expiré en 690. Sur le sarcophage, on peut lire cette inscription: « Ce sarcophage a été consacré en 1865 à la mémoire de Saint Hadelin, mort en cet endroit le 3ème jour avant les nones de février de l’année 690. Il contient des reliques de son corps transféré à Visé en 1338. »
Dans le principe, Saint Hadelin, qui avait adopté la règle de vie monastique de Saint Remacle, rattacha le monastère qu’il fonda à l’ordre bénédictin. Mais peu de temps après sa mort, ses disciples s’organisèrent et nommèrent un abbé et un prévôt; lorsque, à la suite des vexations que leur firent subir leurs avoués, les sires de Celles, ils quittèrent la région, l’Evêque de Liège, en établissant à leur profit la collégiale de Visé, leur institua une nouvelle dignité, celle de doyen (11 octobre 1337).
La châsse dans laquelle les chanoines de Celles avaient emporté secrètement le corps de leur Saint fondateur, fut ouverte une première fois en 1338; elle le fut encore à de nombreuses reprises, notamment en 1413, 1468, 1654, 1696, 1788 et 1845. Des reliques furent remises à l’Abbaye de Stavelot, celle d’Orval, pour le monastère de Cugnon, et bien sûr à Celles.
L’empereur Henri III (1039-1056) concéda à l’abbaye de Celles le droit de battre monnaie. Il nous reste de cette fabrication plusieurs deniers très remarquables dont les uns représentent au droit, l’empereur sur son trône et, au revers, soit le monogramme de Henri III, très scrupuleusement reproduit, soit un navire; d’autres montrent un buste couronné, entre deux étoiles et au revers, un château. Il y en a encore, ayant au droit, le buste de Saint Hadelin et, au revers, une église.
Gendron. Hameau de Celles. En wallon : Gindron.
Jendren, 1319 ; Gendrain, 1333 ; Gendron, 1340. Plusieurs personnages importants portent le nom de cet endroit qui cependant n’est jamais cité comme fief et paraît avoir toujours fait partie intégrante de la terre de Celles.
Le hameau de Gendron a fourni un témoignage de l’habitat de l’homme à l’époque préhistorique : la caverne de Gendron, dite dans le pays trou des nutons, était une sépulture de l’âge de la pierre polie ; on y a trouvé 17 squelettes. Les gens de Gendron porteraient le sobriquet de Marauds, qui n’est plus employé actuellement ; ils porteraient aussi celui de Nutons, qui s’explique fort bien par le voisinage de nombreux trous de Nutons et par les mœurs tranquilles des habitants.
Trussogne (Grande et Petite). Hameaux de Celles. En wallon, même prononciation. Tresogne, XIIIème siècle ; Tressoigne, 1434 ; Tressoigne la Belle, Tressoigne le Giste ou la Guisse ou la Guische, XVIIème siècle ; Trisogne, Trusogne, 1755. Au hameau de Trussogne, on a trouvé un trésor de monnaies romaines de l’empereur Tetricus (IIIème siècle).
Mahenne, ferme. Mahanna, qui doit venir de Meduana, dont le thème celtique medu se retrouve dans Méan. Meduana est le nom primitif de la Mayenne (France).
Vêves. Sur un plateau conique se dresse le château de Vêves, de forme pentagonale et flanqué de quatre tours à poivrières. C’est le spécimen le plus caractéristique de l’architecture militaire du XIVème siècle en Belgique. Selon la tradition, son origine remonte à Pepin de Herstal (685) ; il fut détruit par les Normands puis à nouveau en 1200 ; en 1230, on réédifia sur l’emplacement une véritable forteresse, qui demeura garnie de couleuvrines jusqu’à la fin de l’ancien régime. Des restaurations successives modifièrent surtout l’intérieur, à l’époque de la Renaissance, dont témoigne le vieux balcon dans la cour, et sous Louis XV. La façade nord est couronnée d’une superbe lanterne renfermant une horloge extrêmement ancienne. La chapelle du château a été détruite pendant l’occupation allemande de 1914-1918.
La seigneurie de Celles et son château appartiennent depuis un temps immémorial à la famille de Beaufort. Wauthier de Beaufort, sire de Celles, vivant à la fin du XIIème siècle, épouse Ode, dame de Celles ; c’est le premier connu de la lignée. Le 9 septembre 1731, Englebert, comte de Beaufort, épousa Isabelle de Jaquier de Rosée. De leur union naquirent deux filles : Marie-Robertine et Emilie-Adeline. La première épousa Jacques-Ignace de Liedekerke, grand mayeur de Maestricht, chevalier de Malte et c’est ainsi que le domaine de Celles passa dans la famille de Liedekerke.
Louis de Gavre, comte de Liedekerke de Pailhe, fils de Jacques-Ignace et de Marie-Robertine de Beaufort, est le fondateur de la famille de Liedekerke-Beaufort, actuellement encore propriétaire du domaine de Celles. Un sire de Celles joua un rôle fort actif dans la guerre de la Vache (1273-1275). La baronnie de Celles comprenait au XVIIème siècle Celles, Vève, ferme et château, Hubermont, ferme ; Foy, village ; Bry, la ferme ; Trissogne-la-Belle et Trissogne-la-Giste ; Soinne ; Wibaille, Gendron, village et seigneurie avec église ; le seigneur avait en outre la haute vouerie sur Furfooz et en cette localité une ferme avec terres, bois …, lieu dit Delroux, où il pouvait établir mayeur et échevins.
Le territoire de Furfooz, commune voisine, dépendait dès le XIIIème siècle, de la terre de Celles et il en a été ainsi jusqu’à la fin de l’ancien régime. La seigneurie de Celles était une des seigneuries féodales de la principauté de Liège, châtellenie de Dinant ; cependant, les sires de Celles ont joué un rôle important dans le comté de Namur et il fut même créé au XIIIème siècle près de Vedrin un fief qui porta leur nom et releva longtemps d’eux.
En face de l’antique manoir se dresse le château de Noisy ; il n’était autrefois qu’une ferme dépendant de la seigneurie de Celles qui fut choisie comme asile en 1792 par les propriétaires pour éviter les fureurs des révolutionnaires ; les habitants de Noisy s’y plurent et firent édifier en fin du XIXème siècle, le somptueux château appelé aussi château de Miranda.
La source qui forme le ruisseau de Conjoux doit à Saint Hadelin son origine légendaire et porte encore le nom de « fontaine Saint Hadelin » ; on y venait beaucoup autrefois en pèlerinage pour les maladies des enfants. Le ruisseau de Celles se jette dans la Lesse à Gendron, après avoir été grossi à Vêves du ruisseau de Mirande. Ils sont tous deux très poissonneux (truites). Il y a sur le territoire de Celles des aiguigeois dont le plus connu est le « trou Mairiau ».
La commune est un lieu de villégiature apprécié et calme ; les beautés naturelles s’y présentent à foison : sites et promenades ne seront jamais assez connus.