Voici ce qu’on en disant aux environs de 1940 …

A 19 kilomètres de Dinant et à 11 kilomètres de Beauraing. – Altitude: 130 mètres. Sol argileux et schisteux. Superficie: 1.490 hectares. Hameaux: Herhet, Ardenne, Sanzinne. Arrosé par la Lesse et son affluent le Hileau, Houyet, centre de villégiature justement réputé, est desservi par la ligne de chemin de fer Namur-Bertrix.

Commune exclusivement agricole, et lieu de villégiature. Une bonne partie de la population ouvrière trouvait son occupation à l’extérieur. Houyet fournissait un contingent important de terrassiers pour les lignes de chemin de fer, les chantiers de travaux publics, etc. (150 environ). On y cultivait surtout la pomme de terre, le seigle, l’avoine, un peu de froment et d’épeautre. Beaucoup de prés et pâturages et de pâtures-sarts. En dehors des fermes de Sanzinne (100 hectares), du château d’Ardenne (45 hectares) et de Herhet (40 hectares), il n’y avait que de petites exploitations en faire valoir direct. Répartition de la propriété rurale en dehors des fermes citées: 194 exploitations de moins de un hectare; 86 de un à cinq; 10 de cinq à dix et 3 de dix à vingt hectares.

L’église date de 1851-1852. Léopold 1er a assisté à la pose de la première pierre, le 24 mars 1851. Le Roi a acheté, à cette occasion, à la fabrique d’église, pour 300 francs, les deux tilleuls centenaires qui, à l’époque, donnaient un cachet spécial à l’édifice. Cette église remplaçait une vieille chapelle que la tradition prétend avoir été construite par Saint Materne; elle était, en tous cas, fort ancienne, puisqu’ une visite d’écclésiastiques, en 1446, mentionnée aux registres paroissiaux, rappelle son ancienneté.

Autrefois, Ferage faisait partie de la paroisse de Houyet; il en fut détaché en 1803 pour être réuni à Hulsonniaux puis, plus tard, à Mesnil-Eglise.

L’église est sous le vocable de l’Assomption de Notre-Dame. Surmontant le maître-autel, un bon tableau de F.-J. Navez (1834), représentant la « Vision de Sainte Catherine »; dans l’église, un autre tableau de H. Oury (1851), représentant Sainte Anne enseignant les Saintes Ecritures à la Sainte Vierge. Ces deux tableaux ont été donnés par S.M. Léopold 1er. Patron de la commune: Saint Roch. Fête communale: le 15 août.

Chapelle Saint-Roch, construite en 1866, par les habitants, pour être préservés du Choléra. Chapelle à Herhet, dédiée à Saint André (1910).

Houyet vient du radical « Huy » qui avec la désinence diminutive « et » donne Huyet devenu Houyet. Un autre Huy se trouve sur les rives de la Lesse, immédiatement voisin de Houyet, c’est Hulsonniaux, autrefois Huy-les-Oneals (1361). C’est ce Huy-les-Aunes (aunias en wallon) qui a provoqué la distinction entre les deux endroits voisins par l’application d’une désinence diminutive à l’endroit pour lors le moins important. Le vocable Huy (en wallon: Hu) désigne quantité de cours d’eau dans le bassin de la Meuse. Le Hileau, qui se jette dans la Lesse à Houyet dérive d’un « Hoius ». Le Materloge de Rochefort l’appelle en 1408 « le rieus de Huliaive » (Hu-li-aive = Huy, l’eau). Dans le Materloge de 1549, il est déjà devenu « le riau de Hyleawe » (Hy-l’eawe). Voici donc un Huy, un Hu, selon la prononciation wallonne, auquel on a joint, à l’époque romane, le surnom de « li aiwe », c’est-à-dire l’eau, pour le distinguer de Huy, village qu’il arrose et auquel il a prêté son nom sous la forme diminutive. Houyet dépendait directement du Comté de Rochefort au pays de Liège. Le ban de Houyet comprenait les seigneuries de Ardenne et de Herhet. Ces seigneuries ne semblent pas avoir eu de seigneurs particuliers autres que le Comte de Rochefort; en 1673, Anne-Marie de Fürstenberg, Comtesse de Rochefort, prend le titre de dame de Houyet. La famille de Huiet ou de Houyet qui joua un rôle important à Dinant (Jean de Houyet fut châtelain et maïeur à Dinant au milieu du XVIème siècle) et qui posséda plus tard les seigneuries de Taviet, Herbuchenne et Chaleux ne paraît pas avoir joué un rôle à Houyet même; à Hour, certains de Houyet devinrent des de Harroy et seigneurs de cet endroit dont ils prirent le nom.

Ardenne. Arduenna dans Tacite et César. Egalement la plus usitée dans les documents mérovingiens et carolingiens. Ce nominal décomposé donne un radical « ardu » et un suffixe « enna ». Le radical viendrait du celtique et signifie: haut, élevé. Ardenne serait ainsi un haut pays, une région élevée. Certains érudits voient dans Ardenne l’article armoricain ar et le substantif tann, chêne, soit forêt de chênes. Ce vocable, en Belgique et en France, est commun à un grand nombre de lieux et de localités.

Au XVIIIème siècle, la seigneurie d’Ardenne appartenait à la maison d’Argenteau Après la révolution de 1789, elle passa aux de Harroy, puis aux Urban et enfin à Léopold Ier.

De simple pavillon de chasse en 1839, sous le roi Léopold Ier, le domaine d’Ardenne sera considérablement agrandi et embelli pour devenir résidence royale, sous la direction de l’architecte Balat. La tour du rocher sera bâtie en 1843 sur le modèle de la tour du parc de Windsor.

De 1874 à 1891, Léopold II fera aménager le parc et restaurer le château; celui-ci, situé à 240 mètres d’altitude, fut érigé sur un mamelon au confluent de la Lesse et de l’Iwoigne; le domaine royal, cédé par Léopold II à l’Etat belge, comprenait 4.500 hectares dont près de la moitié de forêts. On disait le parc très giboyeux.

En 1897, le domaine d’Ardenne sera loué par la compagnie des Grands Hôtels qui y établira l’hôtel dit du Château d’Ardenne, entouré d’un parc superbe avec terrains de sport (golf, tennis …) ainsi que d’un terrain d’aviation.

Sanzinne. (en wallon: Sanzenne). Lieu-dit immédiatement voisin d’Ardenne. Ce vocable vient vraisemblablement du nom d’homme franc: Sancio. Le suffixe ina (enne en wallon) affecte la grande majorité des noms de lieux d’origine germanique.

Sanzinne fut aussi le siège d’une seigneurie car Gilles, Baron de Brandenbourg, mort avant le 12 mai 1634, se titrait seigneur de Sanzinne, comme aussi Perpête Renson en 1770.

Le plateau qui domine Houyet fut occupé en 1655 par les troupes de l’Evêque de Liège, pour résister aux entreprises de Louis XIV et de nouveau en 1697 lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

La coutellerie de Houyet (couteaux à manche de corne pour la chasse, le bois …) était autrefois très renommée.

Le lieu-dit « Le Carcan », situé au centre du village, rappelle l’endroit où la haute cour de justice faisait exécuter ses sentences.

Jadis, les habitants portaient le sobriquet de « cahiet » (en français: objet) parce que sans doute ils employaient continuellement ce vocable pour désigner tout objet quelconque. On les comparait également aux « Leux » (en français: loups) parce qu’ils étaient farouches et avant la 1ère guerre mondiale réputés comme très batailleurs.

En 1914, Houyet eut la visite des uhlans dès le 7 août; le 15, le village fut occupé par les Français qui eurent un engagement avec les Allemands qui occupaient depuis plusieurs jours les bois d’Ardenne. Les Allemands organisèrent ensuite un pillage général du village.

68 houyetois furent déportés le 6 décembre 1916.

Voir également: l’histoire de la coutellerie à Houyet